Debian unstable (également connue sous le nom de sid) est l’une des 3 distributions proposées par Debian (les deux autres étant stable et testing).
Elle n’est pas conçue comme un produit pour les utilisateurs finaux, son rôle essentiel est de servir de dépôt pour les toutes dernières versions de paquets envoyés par les contributeurs, et ce quotidiennement. unstable est donc perpétuellement en évolution rapide, et par conséquent pas nécessairement appropriée pour tout public. Ceci étant, il est possible de l’utiliser sans que votre ordinateur n’explose !
1. unstable contient principalement des versions stables de logiciels
Oui oui, vous avez bien lu. unstable ne contient pas tout plein de versions de développement bien que, ponctuellement pour certains logiciels, ce soit le cas. Il s’agit la plupart du temps d’une décision réfléchie de la part du mainteneur de paquets, considérant qu’en l’état cette version particulière est déjà supérieure à l’ancienne.
Ceci s’explique par le fait que sid est l’antichambre de testing, dépôt où la prochaine version stable est préparée. Les mainteneurs ne doivent donc y envoyer que des paquets d’une qualité suffisante en vue de la publication, le reste devant prendre le chemin de experimental.
2. Elle ne crashe pas tous les jours
Des dysfonctionnements surviennent, mais ne sont en règle générale ni sérieux, ni difficiles à corriger. Voilà un bout de temps maintenant qu’il ne m’est pas arrivé, après une mise à jour, de ne plus pouvoir redémarrer mon ordinateur, ou que l’interface graphique soit non fonctionnelle. La plupart du temps, les dysfonctionnements rencontrés prennent la forme d’un logiciel cessant de fonctionner ou souffrant d’un bogue nouveau, ou bien que certains paquets ne puissent plus être installés.
Vous pouvez vous en sortir, dans la grande majorité des cas, en installant la version du paquet incriminé présente dans testing, ou en trouvant dans le suivi des bogues un moyen de contourner le problème. Il est également possible de prévenir plutôt que de guérir : apt-listbugs, en vous prévenant du problème, peut vous dissuader de mettre à jour.
3. Elle est à la base d’autres distributions
Si Debian unstable était de si piètre qualité, elle ne servirait pas de base de départ pour des distributions dérivées. Logique, non ? Deux exemples basées sur sid parmi d’autres : Ubuntu et Sidux Aptosid.
4. Sa conception ne la rend pas moins sécurisée que stable ou testing
Les vulnérabilités importantes sont généralement rapidement corrigées dans stable et unstable. L’équipe chargée de la sécurité s’occupe de stable, tandis que la correction d’unstable revient aux mainteneurs des paquets concernés. testing récupère généralement la correction à travers la mise à jour des paquets provenant d’unstable, entraînant ainsi une latence à l’obtention des corrections.
Les problèmes de sécurités d’importance moindre peuvent n’entraîner aucune correction dans stable. Dans ce cas, les utilisateurs de testing/unstable sont mieux servis, dans la mesure où ils récupèreront la correction avec la nouvelle version du paquet, quoi qu’il arrive.
Bien évidemment, il peut arriver que les mainteneurs soient particulièrement occupés ou que certaines failles arrivent quand même à se faufiler. Si le mainteneur ne réagit pas, d’autres personnes examinant les bogues RC (Release Critical) proposeront les corrections nécessaires.
5. Je l’utilise sur mon ordinateur principal
Et je ne suis pas le seul ! Vous pouvez le faire également si vous remplissez les conditions suivantes :
- vous savez utiliser la ligne de commande (du moins suffisamment pour rétrograder de version un paquet, éditer des fichiers de configuration, …) ;
- vous connaissez le fonctionnement d’APT et l’utilisation simultanée de plusieurs dépôts dans /etc/apt/sources.list ;
- l’anglais lu/écrit n’est pas un problème, de telle sorte que vous pouvez lire/écrire les rapports de bogue, le cas échéant ;
- vous disposez d’un autre ordinateur relié à Internet, d’où vous pouvez rechercher de la documentation (ou le système de suivi des bogues, ou les listes de diffusion dédiées au support) lorsque votre ordinateur principal est hors service pour une raison qui vous échappe.
Si vous ne vous sentez pas prêt à faire le grand saut, vous pouvez vous abonner à ce blog (ou vous abonner au flux RSS), dans la mesure où je posterai certainement d’autres articles permettant d’acquérir les compétences nécessaires pour y arriver.
PS: Sans renier ce qui précède, si vous avez une installation fonctionnelle de sid, n’allez pas jusqu’à la mettre à jour juste avant une importante présentation, ou un voyage : le crash a toujours lieu au pire moment. À moins que vous ne vous sentiez l’âme d’un aventurier, bien sûr !
Cet article est une traduction de 5 reasons why Debian Unstable does not deserve its name contribuée par Weierstrass01. Suivez moi sur Identi.ca, Twitter et Facebook.
lowje says
Perso j’aime bien que sid est qualifié de « unstable ». Quand on voit quel niveau de stabilité cette version « unstable » atteint, ça fait presque une touche d’humour pour montrer à quel point les critères de sélection de la version « stable » sont difficiles.
Mathieu says
Je trouve que le choix entre « unstable » et « testing » n’est pas évident. J’ai écumé pas mal de pages web sur le sujet et j’ai jamais trouvé de réponses satisfaisantes.
La « testing » serait plus stable mais en même temps serait moins réactive quand il y aurait des problèmes etc.
A l’époque, sur la formation Debian GNU/Linux d’Alexis de Lattre, la « testing » n’était d’ailleurs pas présenté comme une distribution utilisable.
Ma machine principale tourne sous « sid » depuis quelques années et il y a quelques temps j’ai installé un portable en testing.
J’aimerais bien utilisé le même système sur les deux mais j’avoue que je n’ai sait pas trop lequel choisir …
Raphaël Hertzog says
Si tu es capable de réparer ton ordinateur s’il ne boote plus après une mise à jour problématique de sid, alors sid est pour toi, sinon testing est plus raisonnable (éventuellement avec qques paquets piqués dans sid lorsque nécessaire, merci au pinning APT).
Mathieu says
Merci pour le retour.
Cool, je viens de voir que la version de ton livre pour Squeeze était pour bientôt !
Gardouille says
Ça fait plaisir un petit article comme ça =)
Je lisais l’article et je me disais « aaa, enfin quelqu’un de censé » et c’est seulement à la fin que j’ai vu que tu étais l’auteur, « aaa bas oui ça m’étonne un peu moins du coup » :D.
Donc comme on en avait parlé au salon solution linux, pc principal (du boulot) également sous Debian Sid =)
Qu’est ce qui m’a fait basculé? Un problème avec un logiciel sous testing il y a ~1-2 ans qui ne voulait pas se résoudre. J’ai donc fait le test de la version unstable et au final j’ai bien apprécié =).
Donc je tourne même maintenant avec quelques dépôts d’experimental (iceweasel principalement).
J’ai un pc que j’utilise un peu moins également sous sid.
À mon avis, il faut la tester pour l’adopter. Et au moins ça permet de mettre un peu plus les mains dans le moteur en cas de bug^^ Les principaux bugs que j’ai pu avoir sont d’ordre graphique, donc c’est pas le plus important pour moi.
little jo says
Je ne suis pas d’accord.
La définition :
Instable : 2. Qui est changeant.
http://fr.thefreedictionary.com/instable
C’est tout à fait ce que veut dire Debian Unstable, il y a des changements (mises à jour) en permanence sous cette Debian. Et forcément de temps en temps, il y a des désagréments…
Donc le nom Unstable est tout à fait adapté, c’est juste l’interprétation qui en est fait qui est fausse.
DarthWound says
Quelques jours avant toi, j’avais également fait un article sur Sid et son utilisation au quotidien.
Le tien est super et complète parfaitement, par contre dommage que tu ne mentionnes pas les deux paquets que je conseille à tous ceux que je fais passer en Unstable : apt-listbugs & edos-distcheck.
Mais il y a peut-être une raison particulière à cela (par exemple tu ne les trouverais pas fiables) ?
http://darthwound.tumblr.com/post/6960842898/debian-sid-unstable-utilisable-au-quotidien
Raphaël Hertzog says
Non, non, apt-listbugs c’est très bien, mais ce n’est pas une garantie à toute épreuve donc je préfère ne recommander unstable qu’à ceux qui savent réparer par eux-mêmes.
Sinon edos-distcheck je n’en vois pas trop l’utilité, tu t’en rends vite compte si beaucoup de paquets ne peuvent pas être mis à jour… ceci dit l’outil fait la météo de Debian unstable: http://edos.debian.net/weather/ 🙂
DarthWound says
Ok ^^
Oui le risque zéro n’existe pas comme on dit, je te suis là dessus.
Pour la météo de Debian justement j’ai connu le paquet en ayant visité ce site, que je trouve génial.
Merci à toi pour tout ce que tu fais autour de Debian 🙂
PS : ayant viré facebook et twitter, je te suis sur g+, mais apparemment cet outil ne t’a pas séduit :p
Raphaël Hertzog says
C’est pas qu’il ne m’a pas séduit c’est juste que je n’ai pas de moyen d’y poster automatiquement ce que je poste par ailleurs… le jour où les API seront dispos ca changera assez vite!
DarthWound says
Ok tu ne t’y rends pas directement ^^
Idem pour mon Blog, mes billets allaient directement sur Twitter & Facebook, c’est vrai que ça manque, mais je pense qu’ils tarderont pas à fournir les API, j’espère en tout cas !
Sinon on échange beaucoup de choses intéressantes dessus avec d’autres nunuxiens, c’est sympa.
Bon j’arrête le hors sujet 😉 bonnes continuations Raphaël !