Le micropaiement social
Un système de micropaiement social permet d’effectuer de petites donations (quelques cents) pour remercier quelqu’un pour un bon article de blog, un morceau de musique… ou un logiciel libre que vous appréciez. C’est précisément ce que Flattr propose.
Comment fonctionne Flattr
Avec Flattr, faire une donation est aussi simple qu’un clic sur un bouton Flattr que les fournisseurs de contenu (comprenez « développeurs de logiciels libres » pour le cas qui nous concerne) intègrent sur leur site web. Un bouton Flattr est similaire au bouton “Digg” ou aux autres boutons sociaux (vous pouvez en voir un à la fin de cet article).
Le montant de la donation pour chaque « flatterie » varie de mois en mois puisque l’utilisateur fixe un montant mensuel (minimum 2€) qui est ensuite réparti entre toutes les « choses » que vous avez « flattées » dans le mois écoulé. Vous pouvez flatter autant que vous voulez, cela ne vous en coûtera pas plus.
Soutenir le logiciel libre avec Flattr
Il manque au logiciel libre un bon modèle de financement pour la création des logiciels, pourtant quelqu’un doit payer le temps passé à écrire le code. De nombreux projets ont sollicité des donations mais les montants collectés couvraient tout juste les dépenses pour l’hébergement du site web.
Flattr rend la donation tellement simple que cette situation est peut-être sur le point de changer. Les utilisateurs de Flattr doivent dépenser leur montant mensuel sinon il est donné à des œuvres de charité. Ainsi, si Flattr connaît le succès, ses utilisateurs prendront l’habitude de faire régulièrement des micro-donations aux projets qu’ils apprécient et utilisent.
Démarrer le processus
Flattr est un nouveau service, les projets l’utilisant pour accepter les donations ne sont pas encore très nombreux et il n’y a pas énormément d’utilisateurs non plus. Mais cela se développe très vite des deux côtés.
Pour aider les utilisateurs qui veulent soutenir le logiciel libre avec Flattr, j’ai initié le projet Flattr Free and Open Source Software. Vous pouvez vous abonner (gratuitement) à une newsletter et vous recevrez chaque mois un mail de rappel avec des recommandations de logiciels libres à « flatter ». Si vous avez plus de temps, vous pouvez également parcourir des annuaires publics listant de nombreux projets de logiciel libre utilisant Flattr et choisir par vous-même ceux que vous voulez soutenir.
Pour en apprendre plus sur le projet Flattr FOSS, cliquez ici.
J’invite également les développeurs de logiciel libre à installer Flattr sur leurs sites web, blogs, … et à répertorier ces sites afin que les utilisateurs de Flattr puisse facilement les trouver. Pour plus de détails, consultez la page Earn a Living With Free Software.
Faites circuler l’information
Flattr peut changer la donne pour de nombreux projets de logiciel libre, notamment les petits et populaires qui ont des difficultés avec un développeur unique qui a démarré le projet comme un loisir et qui ne peut plus se permettre de passer encore plus de temps sur le projet.
Mais cela ne peut se réaliser que si de nombreux utilisateurs commencent à utiliser Flattr pour soutenir les logiciels libres dont ils bénéficient. C’est pourquoi je vous invite vivement à partager la nouvelle, à prévenir les amis, à rejoindre Flattr FOSS et à flatter des projets chaque mois.
Obtenez votre invitation Flattr!
Flattr est encore en bêta, mais ils aiment le logiciel libre et ont offert 30 invitations pour le lancement de Flattr FOSS. Vous pouvez obtenir la votre en vous abonnant à la newsletter Flattr FOSS. Répondez simplement au message de bienvenue que vous recevez après vous être inscrit et demandez votre invitation.
Stéphane Péchard says
C’est génial de voir Flattr de plus en plus utilisé. Vivement que de gros projets tels que Debian l’adopte !
En tout cas, félicitations pour l’initiative, ça m’a fait « flattrer » mon premier lien 🙂
Philippe says
Drôle, j’ai écrit hier un petit article bilan de deux mois d’utilisation du bouton Flattr vs Paypal. Mes principales critiques à l’égard de ce système sont détailléesdans mon article.
Flattr est un système de répartition uniquement. Cela parait une lapalissade, mais c’est important de comprendre que FLattr ne marche que par apport externe et que le système pour fonctionner prélève un % (Flattr +Paypal) sur cette même masse monétaire apportée. Mécaniquement le système a besoin d’un apport externe constant pour fonctionner même si personne ne sort d’argent du système ce qui reste quand même le but de l’opération donc le système risque de s’étouffer si autour de lui la monnaie se raréfie et que tout le monde sort ce qu’il gagne sans jamais réinjecter de monnaie ou réinjecter moins. Donc tant qu’il y a de nouveaux entrants qui de surcroit ne font que donner ça marche, sinon plouf. C’est une forme de Chaîne de Ponzi.
En fait ce n’est pas tellement Flattr qui est en cause (sauf pour le prélèvement par % qui devrait être un abonnement fixe, c’est comme si votre FAI vous facturez au Ko échangé) , comme je le disais son rôle est de répartir. C’est notre système de création monétaire qui est défaillant (on le voit tous les jours) et propriétaire.
Je suis plutôt partisan d’adopter une autre monnaie basée sur des règles ouvertes et symétrique, mais c’est une très longue route dont la voie est loin d’être libre car on touche aux fondamentaux de notre système économique. C’est un sujet très complexe, qui fait que je ne suis même pas sur d’avoir été clair et complet, je m’en excuse d’avance si c’est le cas. Aller je vais flatter cet article en attendant 🙂
Raphaël Hertzog says
Merci pour ton commentaire. J’ai conscience de tout cela (et je lis ton blog après l’avoir découvert en faisant une recherche sur le sujet), d’ailleurs j’ai récemment écrit un billet intitulé Open Money and Debian. 🙂
Mais créer une nouvelle monnaie est un projet pour lequel je n’ai pas l’énergie nécessaire alors que promouvoir Flattr est bien plus abordable dans un premier temps. Mais je suis de près le sujet évoqué et je suis en train de lire Monnaies régionales : De nouvelles voies vers une prospérité durable (lien affilié) que je trouve très intéressant pour le moment.
Eva Bergis says
C’est bien dommage, ça veut dire que les périodes très créatives seront pénalisantes pour les auteurs, si je « flatte » 5 projets qui me bottent grave en un mois, et que le mois prochain j’en « flatte » un seul qui me plait moyen, et bien l’auteur le moins créatif sera 5 fois plus payé… À force de faire des concepts simplifiés ça devient simplet, et injuste…
De plus, ce mode de rémunération n’a comme indicateur que le succès, qui est un paramètre populiste, aléatoire et qui tend à la « TF1-isation » : la course au flattage et à l’audimat. Le génie du modèle économique du logiciel libre nous épargne la détresse de courir après les utilisateurs, en amortissant le coût de la création en amont : ne peut être gratuit que ce qui a déjà été payé (par du temps et/ou de l’argent). Je trouve ça dommage que ce soit le roi du torrent qui se batte pour préserver le succès comme critère de financement, ce sacro-saint critère est né avec l’industrie du disque et il aurait du mourir avec, Internet offrait cette chance à la diversité. Je préfère largement le modèle de la libération de Blender (automatisable avec des truc genre yooook), ou on paye le prix que ça coûte, après on a la source et la licence, et basta, terminé, point barre, pas la peine de faire la manche, les nouvelles sources d’argent vont pour payer du nouveau code, pas du code déjà amorti.
Ensuite c’est normal qu’il n’y ait pas beaucoup de monde sur Flattr, il faut des invits pour rentrer. Si tout le monde pouvait rentrer dès le départ y’aurait bien plus de demandeurs que de donneurs, du coup ça ferait des sommes ridicules pour chacun. Je ne pense pas que ce soit l’image que Peter aura besoin de donner de son système pour son procès en appel.
Aux jeunes Loups, Jean-Claude Annoux, 1965.
Eva.
Raphaël Hertzog says
Tu peux changer à tout moment le montant que tu veux donner, autrement dit tu peux le moduler à la hausse quand tu as flatté plein de trucs sympas et à la baisse dans les cas inverses.
Et puis tu peux toujours re-flatter ce que tu avais déjà flatté le mois dernier si tu trouves que le montant distribué le mois d’avant n’était pas suffisant.
Eva Bergis says
Ouais, c’est du bricolage, si il faut contourner pour palier aux manquements c’est que le système laisse à désirer… Bon j’arrête, j’aime pas, c’est tout :-p
Raphaël Hertzog says
Je crois que c’est un choix en faveur de la simplicité. Un clic, pas de popup avec de montant à remplir. Ensuite ce choix ne convient pas à tous les utilisateurs mais je pense tout de même que c’est un choix raisonnable pour un système qui doit être accessible à tous.
taziden says
Dommage que ce billet ne soit consacré qu’à Flattr … Le Libre s’est bâti sur la diversité.
Il aurait été sympa d’y voir évoqué d’autres alternatives, comme Yooook,
http://yooook.net qui se veut une plateforme d’aide à la création numérique.
On y retrouve la fonctionnalité de don direct qui fait l’essence même de Flattr mais aussi la possibilité de créer des « Liberation Polls ». La plateforme entière de Yooook est tournée vers le Libre et la libération des œuvres numériques.
Raphaël Hertzog says
Cet article est dédié à Flattr, il n’est pas possible de traiter correctement de tous les modèles de financement dans un seul article. Merci pour le lien, je ne connaissais pas yooook.net (est-ce qu’il est dispo en anglais et au niveau mondial ?), par contre je connaissais kickstarter.com (utilisé par JoinDiaspora récemment) et ulule.com (boîte française).
Contrairement à Eva, je ne crois pas que l’un soit meilleur que l’autre, je crois au contraire qu’ils ont vocation à être complémentaire. Flattr n’est pas parfait mais les autres modèles sont difficiles à employer pour financer la maintenance récurrente d’un logiciel libre existant (ce qui est notamment mon cas avec dpkg).
En tout cas je parlerai d’autres modèles bientôt (mais sur mon blog anglais RaphaelHertzog.com vraisemblablement), j’ai un projet où je compte essayer ulule.com ou un service équivalent (mais il doit être ouvert à l’international, d’où ma question sur yoook.net).
Camille Harang says
Salut, je suis d’accord avec toi, il n’y a pas de meilleur système, tout est bon a prendre, surtout en ces temps de prospection pour de nouveaux modèles. yooook s’affiche dans la langue du navigateur et fonctionne à l’internationnal (impossible d’utiliser Kickstarter hors-US). Comme Ulule et Kickstarter yooook peut faire de la pré-production (demander de l’argent pour faire quelquechose), mais est plus orienté publication (demander de l’argent pour publier et/ou changer de licence), voire entre les deux (monétiser du contenu à moitié réalise pour financer l’achèvement de la réalisation), et d’autres services…
Bravo pour cet article !
Camille
Clark says
Je trouve cette initiative intéressante, de même que ces suggestions. Mais je ne trouve pas sur la page correspondante d’information sur la façon dont ces suggestions sont choisies. Serait-il possible d’avoir des infos là-dessus (ici ou sur la page du projet) ?
Merci d’avance,
Raphaël Hertzog says
Clark, je n’ai pas (encore?) de critères fixes pour les recommandations. Si possible je vais essayer de panacher un peu sur tout le spectre à la fois en terme d’interface (GTK/Gnome, Qt/KDE, ligne de commande, autres) et sur les fonctionnalités (bureautique, serveur, infrastructure, etc.). Ca va dépendre de ce que je trouve comme projets bien entendu (et des projets que l’on va me soumettre spontanément j’imagine).
j-c says
Désolé de spammer dans les commentaires, mais je ne vais pas m’ouvrir un compte delicious ou identi.ca uniquement pour ça.
J’aimerais en passant signaler 2 projets (non négligeable selon moi) pas encore signalés sur delicous et inscrits à flattr:
– pingus
– linux mint
À ce propos, je trouve l’initiative de la newsletter bienvenue mais elle ne me convient pas personnellement. Je préfèrerais quelque chose de plus ouvert, où on peut jeter un oeil de temps en temps, et rajouter quelque chose facilement en passant. N’y a-t-il pas moyen d’avoir un simili-wiki (ou est-ce que ça existe déjà ?) qui regroupe les projets par thème (ou est-ce trop de maintenance ?).
J’ai peur qu’à terme, la fonction de recherche de flattr ou la liste sur delicious deviennent pénibles (les gros projet qui viennent de s’inscrire mélangé avec les petits projets, …)
Merci et encore bravo pour l’initiative
Raphaël Hertzog says
J-c, pas de soucis, tu ne spammes pas, les commentaires sont là pour cela. J’ai inscrit les 2 projets que tu cites sur delicious.
En ce qui concerne la newsletter, il s’agit simplement d’un envoi automatique des articles publiés dans la catégorie Flattr de mon blog donc avec le temps tu pourras naviguer dans cette catégorie (même sans être abonné à la liste).
Delicious répond pour ma part à ta dernière requête (l’idée du wiki), tout le monde peut rajouter des entrées, on peut classer par popularité (nombre de personnes ayant le bookmark) et on peut rajouter d’autres tags pour restreindre encore plus le périmètre (ton classement par thème).
j-c says
Oui, j’avoue que je ne connais pas suffisamment delicious.
À première vue, en voyant les tags déjà existant, ça me paraissaient pas suffisant, mais effectivement, à terme, ça pourrait faire parfaitement l’affaire.
(J’avais aussi abandonné mon inscription à mi-chemin, car je n’avais pas envie de m’inscrire à un n-ième service dont je n’ai pas vraiment l’utilité)
Et s’il y a moyen de consulter globalement le contenu de toutes les newsletters facilement, c’est parfait.