Une des premières tâches du mainteneur de paquet Debian est de gérer les bogues que les utilisateurs soumettent sur son paquet. Avec le temps, les rapports de bogue ont tendance à s’accumuler en particulier pour les paquets les plus populaires. Le mainteneur (ou l’équipe de maintenance) n’a souvent pas les ressources nécessaires pour rattraper ce retard et traiter correctement ces rapports.
C’est dans ce contexte que l’aide externe d’un « trieur de bogue » est très appréciée. Je vais illustrer la manière de procéder par le biais de Brice Goglin, trieur de bogues pour l’équipe X Strike Force.
Dans le bogue #378917, il demande à l’utilisateur ayant signalé le bogue de vérifier si le problème existe toujours avec la dernière version de Xorg. Personne d’autre n’ayant rencontré le problème, et n’ayant obtenu aucune réponse de ce dernier en l’espace d’un mois, le bogue a été fermé par ses soins. Dans des conditions similaires, si l’adresse email de l’utilisateur n’est plus valide, le bogue peut être fermé (exemple: #109328).
Il arrive aussi qu’il n’ait plus le matériel nécessaire pour reproduire le problème (exemple: #319750).
Il y a des vieux bogues que Brice est capable de reproduire: dans #93665, le problème sur xcalc est toujours présent et il a donc enregistré le bogue dans le système de suivi Xorg (voir ticket 10578 de Freedesktop.org). Le statut du bogue Debian a été changé pour indiquer que le bogue a été « forwardé » et qu’il est toujours présent dans la version 1:7.2.ds2-1 du paquet (voir le message de Brice responsable de ce changement).
D’autres bogues sont indéniablement corrigés, il s’agit alors de les fermer proprement en indiquant si possible la première version du paquet qui contient le correctif (exemple: #405792). Au passage, le bogue doit parfois être réaffecté à un autre paquet parce que l’utilisateur n’a pas forcément identifié le paquet responsable de son problème.
Parfois les utilisateurs soumettent des rapports de bogues qui ont déjà été soumis, soit parce qu’ils n’ont pas fait attention, soit parce que le problème leur semblait différent de ceux déjà rapportés (bien que le problème sous-jacent soit le même). Ainsi le bogue #425663 n’est pas immédiatement identifié comme un doublon. Mais après quelques explications de Julien Cristau, Brice remarque la similitude avec #164379 et fusionne les deux bogues.
Ce travail de trieur de bogues n’est pas forcément très attrayant aux premiers abords mais le contact direct avec les développeurs permet d’apprendre de nombreuses choses. De plus, lorsque les progrès sont visibles, il y a de quoi être fier et cela donne un surplus de motivation. 🙂
Nombreuses sont les équipes qui acceptent volontiers l’aide de trieur de bogues. L’équipe KDE a même une page dédiée pour les guider.
Pour être efficace, le trieur de bogues est idéalement un utilisateur régulier du logiciel (ou de la suite logicielle). Il doit également investir un peu de temps pour se familiariser avec le système de suivi de bogues de Debian ainsi que celui employé par les développeurs « amont » du logiciel en question.
N’hésitez pas à écrire pour proposer votre aide aux mainteneurs des logiciels que vous connaissez. En naviguant dans les pages du BTS, il est facile de trouver les paquets qui ont besoin de votre aide (un point de départ, un autre).
Cet article fait partie d’une série expliquant – par des exemples – comment contribuer à Debian.
Brice Goglin says
> Ce travail de trieur de bogues n’est pas forcément très attrayant aux
> premiers abords mais le contact direct avec les développeurs permet
> d’apprendre de nombreuses choses.
C’est tout à fait vrai, j’ai énormément appris sur le fonctionnement de X.org en triant ces bugs. Avec le recul, ça me semble être une bonne technique pour apprendre à connaître un projet, plus utile par exemple qu’essayer de lire le code source gigantesque ou le peu de doc disponible sur le web. Mais par contre, ça me donne envie de m’investir upstream, peut-être au détriment du temps passé pour Debian 🙂